mercredi 19 janvier 2011

Comment Sarkozy sabote les médiations dans la crise Ivoirienne

Conduits par la France, les pays qui prônent l’usage de la force militaire contre le président Gbagbo manœuvrent activement pour faire échouer la médiation africaine. C’est à une vraie danse de sorciers qu’ils se livrent autour du pays.


A chaque fois que la médiation africaine menée par l’Ua et la Cedeao tente de prendre ses responsabilités pour trouver une solution pacifique et négociée à la crise postélectorale qui prévaut en Côte d’Ivoire, la France et ses relais mènent des contre offensives. Une stratégie qui a toujours prévalu dans le règlement de la crise ivoirienne où la France bat plusieurs cartes en même temps. Afin de s’assurer de maintenir encore et toujours la Côte d’Ivoire dans son giron.

Déjà en 2002, la France a manœuvré avec Abdoulaye Wade, Blaise Compaoré et autres pour faire échouer la médiation de la Cedeao conduite par feu Gnassingbé Eyadema pourtant en bonne voie. Par la suite, les accords de Marcoussis interviendront et tout sera mis en œuvre à la rue Kléber pour «rendre la Côte d’Ivoire ingouvernable», comme l’avait prédit Alassane Ouattara. Et c’est le même sort qui a été réservé à la médiation de l’ancien chef d’État sud africain Thabo Mbeki, qui a été envoyé d’urgence à Abidjan, aux premières heures de la crise.

La particularité de l’actuel locataire de l’Élysée, c’est qu’il rêve de «tout nettoyer» à Abidjan et il ne lésine sur aucun moyen pour arriver à ses fins. Consigne a été donnée à Alassane Ouattara de jouer la carte du pourrissement de la situation. C’est pourquoi, il répète comme un perroquet les positions exprimées par Paris au sujet des propositions faites par les médiateurs ou le président Gbagbo. Il n’est donc pas étonnant de voir Raila Odinga, porteur de nouvelles offres aux deux parties en conflit, si optimiste pourtant lundi à son arrivée, déchanter 24h plus tard. Il aura buté sur le refus de Ouattara de se pencher sur les propositions de sortie de crise du médiateur pourtant acceptées par le président Gbagbo.

Tout pour l’option militaire

6 ans après les tueries de novembre 2004, le successeur de Jacques Chirac remet le couvert. Nicolas Sarkozy malmène la médiation africaine qu’il n’hésite pas à instrumentaliser. Pendant que le premier ministre kenyan prend ses quartiers à Abidjan où il devait soumettre de nouveaux schémas aux deux protagonistes, Blaise Compaoré s’installe à Paris. C’est dans ce contexte que se situe la rencontre que le président du Faso, pourtant officiellement en visite privée, a eue hier avec le locataire de l’Élysée. Il s’agissait en réalité de statuer sur les voies et moyens pour traduire en actes la volonté de la France d’attaquer militairement la Côte d’Ivoire. En présence d’une délégation de la Cedeao. Au sortir de cette rencontre, il exposera enfin la volonté du Burkina Faso d’attaquer la Côte d’Ivoire - aux cotés d’autres pays de la sous région - pour y installer Alassane Ouattara au pouvoir. «Une intervention militaire de la Cedeao ? Pour l'instant, nous ne souhaitons pas cela pour la Côte d'Ivoire. Nous souhaitons le rétablissement de l'ordre constitutionnel et que le président choisi par les Ivoiriens soit installé à la tête de l'Etat de Côte d'Ivoire», a déclaré le président burkinabé.
Dans la même journée d’hier, se tenait à Bamako une réunion des chefs d’état major des armées des pays de la Cedeao pour «mettre en musique» le plan d’attaque contre la Côte d’Ivoire. De son coté, Young Jin Choi attise continuellement la haine de la communauté internationale contre le président Gbagbo qu’il appelle à assassiner.

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