Deux mille casques bleus et trois hélicoptères de combat en renfort à 800 casques bleus déjà positionnés à l'Hôtel du Golf, quartier général des rebelles des Forces Nouvelles, alliés d'Alassane Ouattara, proclamé vainqueur de l'élection présidentielle du 28 novembre dernier par le président solitaire de la CEI, une victoire invalidée par le Conseil constitutionnel pour cause de fraudes massives, de violences sur les électeurs dont un grand nombre ont été empêchés de voter.
300 à 400 éléments issus des FAFN (Forces Armées des Forces Nouvelles), l' armée des chefs de guerre du Nord, désormais confortablement installés à l'Hôtel du Golf et lourdement armés. Ainsi se présente - depuis le vote, mercredi, par le Conseil de sécurité de l'ONU de la résolution portant sur l'envoi de casques bleus supplémentaires - la protection officielle d'Alassane Ouattara, que les ivoiriens appellent avec raillerie le président de la "République du Golf", une république de 30 hectares. Ainsi baptisée depuis qu'Alassane Ouattara et ses alliés en ont fait leur QG. La résolution, d'inspiration franco-américaine, "appelle à ce que soit levé sans délai le blocus actuel autour du Golf Hôtel". En fait de blocus, juste des barrages de contrôle des entrées et des sorties par les Forces de Défense et de Sécurité (FDS). Un blocus qui n'empêche guère les missions régulières des émissaires de Ouattara à l'étranger et leur ravitaillement en produits de luxe tandis qu’il veut asphyxier le peuple.
A côté de ce dispositif, 9.500 casques bleus, qui sont passés du statut de "Forces Impartiales" à celui de forces de provocation des FDS, à la recherche de l'alibi nécessaire pour agir ouvertement en forces ennemies. Ces casques bleus seront bientôt rejoints par les forces de l'Ecomog. Les spécialistes et les sources proches du dossier annoncent 20.000 à 30.000 soldats de l'Ecomog, bien équipés. En position d'observation partisane, se trouve la Force française Licorne, forte d'un millier de personnes super équipés et bien entraînés. Au décompte, cela fait à peu près 31.500 à 41.500 hommes. Dont la mission sera de répondre à un appel à l'assassinat d'un chef d'état africain dont le péché aura été d'être différent, de croire en des valeurs et surtout en la démocratie. Un chef d'état dont le moindre des torts n'aura pas été la naïveté et la bonté de cœur.
En résumé, 2.500 hommes lourdement armés et équipés de chars et d'hélicoptères d'attaque pour protéger Ouattara. Plus de 30.000 hommes - tout aussi équipés que ceux chargés de protéger Ouattara - pour répondre à un appel à l'assassinat d'un chef d'état africain. Vous avez bien lu, avec un rapport de 1 à 12. Tout cela sous les auspices de la grande ONU, aiguillonnée par la France de la liberté, de l'égalité, de la fraternité et des droits de l'homme. Etrange similitude, cela rappelle l'histoire d'un certain Patrice Lumumba. Enrichie de son histoire, l'Afrique va-t-elle se laisser compter encore?
Comment en est-on arrivé là?
Au commencement était une rébellion qui a déclaré avoir pris les armes pour rendre le "brave-tchè" éligible et l'installer au pouvoir. Elle est aidée par un excellent compost obtenu par un mélange de la faiblesse de nos institutions, la pauvreté, en milieu rural comme urbain et surtout l’analphabétisme. Le peu d'instruction des masses africaines est le plus grand danger pour les pays du plus vieux continent et les puissances occidentales s'en donnent à cœur joie, heureuses, de compter sur la cupidité des cadres politiques locaux, coupables de traîtrise vis-à-vis des populations qui se sont saignées pour leur formation.
Malgré les crimes dont elle s'est rendue coupable, elle ne sera condamnée que du bout des lèvres. D'accords en accords, sur fond de compromission républicaine, elle s'arrogera même le poste de Premier Ministre, et attribuera à ses soldats les grades fantaisistes que viendront légitimer les accords, sans jamais rien céder. Sentant son mentor minoritaire, elle instrumentalisera les différences naturelles entre les Ivoiriens pour en faire les thèses de la xénophobie, si ce n'est de la crise identitaire. Son grand mérite résidera dans la maîtrise de l'information qui lui sert habilement à la désinformation, à l'intoxication. Cette minorité sociologique de son candidat sera compensée par la fraude à toutes les étapes du processus. Sous prétexte que les registres d'état civil ont été détruits – par ses propres soins, soit dit en passant – la rébellion organise, une fois installée à la Primature, les audiences foraines en sa faveur. Idem pour l'enrôlement curieusement couplé à l'identification. Alors que les accords de Marcoussis, qui ont permis à la rébellion de rentrer au gouvernement, prévoyait le "désarmement dès la formation du gouvernement de réconciliation nationale", il n'en sera rien. Bien au contraire, la rébellion joue la montre, pour épuiser les 5 ans du mandat de Laurent Gbagbo. En fin 2005, au terme de ces 5 ans, et alors qu'il a géré le pays avec la rébellion et toutes les forces politiques, Laurent Gbagbo se trouve quelque peu affaibli sur le plan international, même si la Constitution le maintient au pouvoir avec le soutien de son peuple.
Acculé et sous pression de la France et des Etats-Unis pour l'organisation rapide des élections, le démocrate Laurent Gbagbo, "fils des élections", cède, pour se départir du leitmotiv médiatique tendancieux "Gbagbo ne veut pas aller aux élections". La suite, on la connaît. Sans désarmement, dans un pays dont la moitié est exclusivement contrôlée par ses adversaires en armes, il s'attend à des fraudes, mais il ne s'imagine pas qu'elles puissent atteindre un tel niveau et de façon si flagrante. Il a cru en l'Homme par son cœur d'enfant de Dieu. La fidélité de ce Dieu le fera-t-il défaut?
Au risque de nous répéter, dans le cas de la Côte d'Ivoire, c'est l'ampleur des fraudes et le rôle joué par l'ONU qui choquent. L'ONU qui devait désarmer les rebelles et être au service de la paix, s'est revêtue malencontreusement du manteau d'organe spécialisé du RDR, suscitant du coup son rejet par les Ivoiriens, si ce n'est du dégoût. La sortie de maître Marcel Ceccaldi, dans l'émission "Raison d'Etat" de la RTI, a montré comment Choi lui-même est allé jusqu'à falsifier des résolutions, des rapports et des compte rendus pour se donner des pouvoirs de certification qui n'étaient pas les siens. Parfois, il est allé jusqu'à se prendre pour l'ONU elle-même.
On comprend alors pourquoi les Ivoiriens résisteront, prêts à être "conduits au TPI par vagues de bateaux". Alassane Ouattara et ses journaux ont beau se réjouir du débarquement de "Bouaké –la Normandie", il ne faut pas oublier que les objectifs nobles de Normandie ne sont pas ceux de la Cedeao. Tout comme 2011 n'est pas 1960, et Laurent Gbagbo Patrice Lumumba. Plus le temps passe, plus les Ivoiriens découvrent le vrai visage de celui qui aspire à les commander. Sans attache affective avec la Côte d'Ivoire, il n'a aucune vie à déplorer, aucun fils à pleurer en cas de conflits armés. Si les négociations sont difficiles à faire démarrer, c'est bien parce qu'il n'y a pas de lien affectif suffisamment fort pour susciter le regret et la repentance nécessaires pour faire marche arrière.
Quant aux mensonges de la rébellion, suscités ou relayés par la communauté internationale, les Ivoiriens n'attendront pas 50 ans pour les dénoncer comme au Cameroun, au Congo Belge, etc.
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