lundi 17 janvier 2011

M. Denisot au coeur d'une tempête politique : bientôt blacklisté par l'Elysée ?

Mauvaise pioche pour Michel Denisot qui, malgré le climat tendu entre les dirigeants Canal + et Nicolas Sarkozy, faisait partie des trois journalistes choisis pour interviewer le président en novembre dernier. Serait-il désormais en train d'apparaître sur la blacklist de l'Elysée ? C'est ce que laisse entendre notre
confrère Renaud Revel, sur son blog Immédias (L'express.fr). Il révèle que le président de la République et son entourage ont vu d'un très mauvais oeil l'interview que Michel Denisot a réalisée de Laurent Gbagbo, président ivoirien très contesté.

Une situation politique complexe : 1 pays, 2 présidents !

En effet, il y a quelques jours, Michel Denisot a déserté le plateau du Grand journal sur Canal + (laissant la place à son remplaçant officiel, Ali Baddou) afin de se rendre en Côte d'Ivoire pour interviewer Laurent Gbagbo. Ce dernier est au coeur d'une polémique dont il est d'ailleurs à l'origine : le scandale des deux présidents !
La Côté d'Ivoire a en effet deux chefs d'État : Alassane Ouattara a été élu à 54 % et son statut est reconnu par la commission électorale internationale (sous l'égide de l'ONU) ainsi que par la plupart des pays d'Afrique et d'Europe (la France y compris). Mais, Laurent Gbagbo a contesté cette victoire et s'est vu accéder au poste grâce à la validation du conseil constitutionnel ivoirien composé d'amis à lui (d'après Ouattara). Sauf que cette dernière victoire n'est absolument pas considérée sur la scène internationale : elle est même critiquée puisque le service de Gbagbo instaure un climat tendu et oblige Ouattara à rester discret, enfermé dans un hôtel, malgré son poste - officiel - de président.

Denisot ose, l'Elysée grince des dents...

C'est dans ce climat politique instable que Denisot est allé demander des explications au controversé Gbagbo : une interview (diffusée sur Canal + le 12 janvier dernier - la revoir ICI) qui n'a pas plu à l'Elysée qui a jugé inacceptable d'offrir une tribune à un homme politique aussi décrié, considéré comme "un usurpateur et un dictateur" par Ouattara. Il ne nous semble pas que l'Elysée se soit élevé contre l'interview d'un autre dictateur, le président de l'Iran par une Laurence Ferrari... voilée.
Frank Louvrier, conseiller en communication de l'Elysée, s'est exprimé auprès de Renaud Revel : "On présidentialise soudainement un homme dont la victoire est pourtant contestée de toute part. On donne le sentiment de crédibiliser sa démarche".
Cette interview filmée a été d'autant moins bien vue qu'aucune interview de Ouattara n'avait été proposée pour contrer celle de Gbagbo. Un oubli rectifié au cours de la même semaine puisqu'un entretien en duplex a été réalisé plus tard, toujours par Denisot.

Denisot défend sa position journalistique

Alors que l'Elysée grince des dents, Denisot se défend et explique le "choix" éditorial d'avoir "privilégié" Gbagbo : "Rien ne m'obligeait à faire d'ailleurs ce second entretien [d'Alassane Ouattara]. L'Express s'obligerait-il à donner la parole à Ouattara s'il publiait un entretien de Laurent Gbagbo? Je ne le crois pas. [...] Dès le départ, dans l'avion qui nous a amenés à Abidjan, les hommes de Gbagbo étaient là et la tension était palpable : nous étions sous surveillance et sans grande marge de manoeuvre. Quant à Ouattara, n'imaginez pas que ce fut plus simple : une extrême tension règne là aussi et son entourage, également sur les dents, s'est fait très menaçant. A l'image des hommes de Gbagbo. Bien sûr que nous voulions faire Ouattara, mais pas à n'importe quel prix. Pas à n'importe quels risques. Nous étions en terrain miné" se justifie-t-il.

Était-ce le rôle de Denisot que d'intervenir dans cette situation politique nébuleuse ? A-t-il eu raison de tenter d'éclaircir ce conflit ? A-t-il vu juste en réalisant cette seconde interview ? Fallait-il offrir une tribune à Gbagbo, non reconnu comme président sur le plan international ?

Au Palais de l'Elysée, on a vraisemblablement déjà son avis sur ces questions...

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