samedi 15 janvier 2011

La guérilla urbaine aux portes d'Abidjan

Les Forces de défense et de sécurité de Côte d’Ivoire (Fds-CI) sont sur le pied de guerre. Depuis mercredi soir, elles ont pris des dispositions particulières pour contenir la guérilla urbaine que les assaillants ont engagée à Abobo et Anyama. Le bilan est lourd pour les forces de l’ordre: 8 policiers au moins tués, une dizaine d’autres blessés, des matériels roulants de service incendiés ou caillassés.Les responsables des mouvements rebelles se lavent les mains de ces affrontements meurtriers; oubliant, dans leur empressement à montrer patte blanche pour noyer le poisson,
que qui s’excuse, s’accuse. «Les Forces nouvelles tiennent à préciser que soucieuses qu’elles sont du respect de la vie des Ivoiriens, elles ne sont ni de près ni de loin impliquées dans ces affrontements», a déclaré Sékongo Félicien, porte-parole des mouvements issus de la rébellion armée, avant de rejeter, dans une sortie inouïe, la responsabilité de ces actes sur le Chef de l’Etat: «Gbagbo et sa clique opposent des Fds à des Fds et les Fds à des milices étrangères. Comprenons tous que ces affrontements d’Abobo et d’Anyama sont des combats qui opposent des Fds à leurs frères d’armes Fds d’une part et d’autre part, des Fds à des milices étrangères au service de Laurent Gbagbo» (Cf. Le Nouveau Réveil n°2.718 du 13 janvier 2011).

Créer la chienlit pour légitimer une intervention

Cette explication absurde destinée à faire diversion, suffit, à elle seule, pour montrer l’implication de la rébellion dans les affrontements à l’arme lourde qui ont paralysé, pendant deux jours, Abobo et Anyama, considérées, à tort ou à raison, comme des bastions d’Alassane Ouattara. A la faveur de l’Accord politique de Ouagadougou (Apo), les mouvements rebelles, bras armés du président du Rdr, ont investi Abidjan et plusieurs villes de l’intérieur, ont disposé des cellules dormantes dans des quartiers qui leur sont favorables ou qu’ils ont pris presque en otage, avec des caches d’armes pour donner l’assaut, le moment venu.
La crise post-électorale, consécutive aux résultats controversés du second tour de la présidentielle, apparaît comme l’occasion rêvée pour dérouler le rouleau compresseur et donner l’estocade à l’effet d’installer Alassane Ouattara au pouvoir. Surtout que le président du Rdr a déclaré que, avant la fin de ce mois de janvier, «Laurent Gbagbo va tomber comme un fruit pourri».

De ce fait, les combats, qui ont fait rage durant plusieurs heures sans interruption, ont opposé les forces régulières à des assaillants puissamment armés. Ils disposaient notamment de kalachnikov, Rpg, lance-roquette et Tkm. Dans un milieu qui leur est acquis, ils ont mené, habillés en civil ou en tenue de dozo (chasseur traditionnel), des combats de localité : utilisant la population civile comme bouclier, ils se sont planqués pour tendre des embuscades aux forces régulières, avant de s’évanouir dans la nature. Des quartiers comme Campement (commune de Koumassi), la Palestine ou Port-Bouët 2 (commune de Yopougon) seraient également infiltrés pour les besoins de la cause.

La guérilla urbaine vise, si elle n’aboutit pas à renverser le régime, à installer la chienlit et légitimer une intervention militaire étrangère. «Pour les Forces nouvelles, l’unique alternative qui s’offre à la communauté internationale pour sauver la nation ivoirienne, est de faire le plus rapidement possible usage de l’action militaire pour mettre hors d’état de nuire Gbagbo et ses ouailles», a conclu Sékongo Félicien pour se mettre à table.

Les forces régulières ont pris la mesure du danger. S’estimant donc en état de légitime défense, «elles se réservent le droit de riposter à partir de maintenant, tous moyens réunis, à toutes les attaques d’où qu’elles viendront», selon la sévère mise en garde du général de corps d’armée Philippe Mangou, chef d’état-major des Armées. Car, il est question d’éviter que la Côte d’Ivoire ne succombe au syndrome du Congo- Brazzaville avec ses groupes armés et autres milices qui ont mis en coupe réglée le pays. Il y avait les «Ninjas» de l’ancien Premier ministre Bernard Kolélas, les «Cobras» du Parti congolais du travail du général Denis Sassou Nguesso et les «Cocoye» du Président Pascal Lissouba.

Aussi, profitant du couvre-feu instauré dans ces deux poudrières, les Fds-CI  vont-elles procéder à un ratissage en règle pour «débusquer toutes les personnes qui sont responsables de ces attaques armées et autres agressions, retrouver toutes les personnes désireuses, à partir de leurs cachettes, de s’attaquer à la République». Les derniers événements représentent un casus belli.

Ferro M. Bally

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